Lors de ma visite quotidienne au forum, je suis tombée sur une question d'une titulaire qui se demandait quelles tâches elle pouvait déléguer à son équipe.
Elle faisait part d'une certaine démotivation générale et de baisse de résultat.
Du coup, je me suis remémorée tous les types de management que j'avais croisé dans ma carrière. Et ils sont nombreux!
Et... aucun n'est parfait!
Ben oui, sinon ce serait trop simple. On se passerait l'info et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible.
Malheureusement, chaque titulaire est unique, chaque employé l'est aussi. Ce qui nous donne une quantité de possibilité d'entente et de mésentente, de compréhension et d'incompréhension, de motivation et de poils dans la main.
J'ai connu des titulaires qui voulaient tout gérer avec des employés motivés (au début) et capables. Ceux là sont sur le dos des employés sans arrêt. Ils ne lâchent pas la bride d'un centimètre. Généralement, l'ambiance est stressante, le travail laborieux et le titulaire frôle le burn-out.
Pour les employés c'est dégradant, infantilisant, déprimant.
Pour le titulaire, c'est fatiguant, énervant et déprimant (aussi).
J'ai connu des titulaires qui voulaient tout gérer avec des employés démotivés ou incapables. Ceux là gèrent tout et tentent de temps en temps de déléguer mais le mal est fait et la démotivation règne dans l'équipe. Pour les employés, c'est une punition, pourquoi aujourd'hui?pourquoi moi?
Pour le titulaire, c'est la consternation, le burn-out, la lassitude.
J'ai connu des titulaires qui, du jour au lendemain, veulent déléguer parce qu'ils croient que l'équipe est demandeuse. Malheureusement, l'équipe n'est pas toujours unanime.
Certains prendront ça pour une punition, d'autres comme une valorisation. Certains trouveront que ça coule de source. Après tout, au fil des ans, c'est normal d'acquérir des responsabilités. D'autres attendront une gratification pécuniaire et seront déçus voire totalement vexés si la paye ne suit pas. Après tout, s'ils en font plus, y a pas de raison...
J'ai connu des titulaires qui pratiquaient le management à l'américaine. Souvent influencés par un groupement, ils avaient suivi une "formation" de coaching accélérée. Fiches de postes, entretiens semestriels, challenges à gogo, primes de rendement, de présence, café avec l'équipe, repas au resto... Bref, réunionite aiguë et cohésion d'équipe. S'ils pouvaient, on ferait même la petite partie de football sur le parking pour souder l'équipe!
Pour le titulaire, c'est la meilleure équipe au monde! Tous parfaits!
Pour les employés, faut voir. Ca dépend des gens. Moi, j'adhère pas. Tout le monde, il est beau, tout le monde, il travaille bien. Si c'est mal fait, c'est toute l'équipe qui prend, si c'est bien c'est tout le monde qui est félicité. Je trouve ça très hypocrite, et je m'ennuie très vite. De toute façon, je suis plutôt tennis que football. Mais bon, si tout le monde joue le jeu.
J'ai connu des titulaires qui laissaient l'équipe s'auto-gérer. Ici, tout le monde connaît son métier, sait ce qu'il a à faire, quand, comment. Du coup, tout le monde fait tout. Tout le monde déballe la commande (c'est bien connu quand on fait ça à 3, y a moins d'erreurs ou c'est le contraire...). Madame X vient chercher son promis. Qui l'a vu? Qui a remarqué le manquant? Qui a commandé ailleurs? Qui est responsable de la commande?
La commande AvN est livrée, je déballe parce que c'est la gamme que je gère mais si la commande VIkI arrive en même temps, l'autre déballe sa gamme. Egalité de statut, de priorité. Plus assez de personnes au comptoir, foutoir.
J'allais oublier le despotique!!
Lui, il donne des ordres! C'est pire que l'armée! Faut se tenir droit devant le comptoir, les mains dans le dos pour attendre le client. Il ne faut surtout pas parler. Pour boire faut lever la main. Pour pisser, faut la permission. Ici, tout est très défini. Qui fait quoi, à quelle heure, où et comment. Un superviseur suit tous les faits et gestes. Et rapporte le moindre retard d'exécution, le moindre souci même s'il est corrigé.
Bon, ce titulaire là est très rare heureusement, mais il est spectaculaire!
Le pire, c'est que ça marche pour lui ; sauf, qu'il a le pire turn-over de la région.
Il a tellement épuisé le cheptel qu'il offre des salaires mirobolants. Alors, pour faire un peu d'argent, quelques temps, ça vaut le détour. Mais seulement, quelques temps!
Mon préféré, le titulaire paternaliste.
Lui, son équipe, c'est ses enfants. Tout le monde sait ce qu'il doit faire. On boit le café, on discute. Si on est en retard, c'est pas grave. Si le gamin est malade, c'est pas grave, c'est la vie. Si on veut un jour de repos, c'est toujours ok pour lui...
Sauf, que le chiffre n'y est pas. Sauf qu'il n'est plus crédible quand il s'agit de remonter les bretelles ou les manches!! Mais chez lui, on y reste toute sa carrière.
Franchement, comment composer avec une telle variété de titulaires et de personnels?
Certains suivent des cours pour ça, de la petite formation pour améliorer la cohésion au sein de l'équipe officinale jusqu'au Master de management en entreprise. Certains achètent leur pharmacie et deviennent patron sans avoir jamais encadré qui que ce soit.
Tout le monde ne sait pas fédérer à sa cause. Le leadership, c'est inné, on l'a ou on l'a pas.
Manager, coacher, gérer les RH, quelle galère!