Et donc, elle est médecin ?!
Cet après-midi, je sers une cliente régulière de la pharmacie.
Elle me tend deux ordonnances. Je me dirige vers les tiroirs et commence à lire.
La première, pas de soucis, renouvellement de son traitement habituel.
La seconde me laisse perplexe.
Ordo d'un hépatologue avec :
orelox 200 à 2 le matin, 2 le soir et 2 au coucher
Flagyl 500 à 4 par jour + ultra levure
Traitement pour 12 jours
Déjà, orelox 200 ça n'existe pas, ensuite 6 par jour c'est énorme et pour 12 jours par courant.
Je signale à la pharmacienne remplaçante que j'ai un doute et que je me demande si le médecin ne se serait pas trompé de médicament.
Elle vérifie si une indication existe pour une telle posologie mais ne trouve rien.
Je lui dis que j'ai envie d'appeler le médecin.
Ce que je fais donc.
Je joins le médecin et lui demande confirmation de sa posologie.
Il m'interrompt et me dit qu'il ne prescrit JAMAIS d'orelox, que ça ne fait pas partie des médicaments de sa spécialité et que ça ne peut pas être de lui.
Il me demande si ce n'est pas son confrère et associé de cabinet qui l'a écrite. Je lui dis que le papier porte l'entête à son nom.
Il me demande de déchirer l'ordonnance et me maintient qu'il s'agit d'un faux.
Je reviens vers la cliente et lui explique que la posologie de l'antibiotique m'a gênée et que le dosage n'existe pas. Je lui demande alors pourquoi elle se retrouve avec cet antibiotique là.
La cliente me dit alors avoir demandé à changer d'antibio parce qu'elle ne supportait pas l'acide clavulanique. Je lui explique donc que le médecin ne cautionne pas cette prescription et qu'il me demande de ne pas l'honorer.
Ma collègue, ancienne de l'officine, me fait signe et me dit qu'il n'y a pas de soucis, qu'on peut lui donner ce qu'elle veut parce qu'elle s'y connaît.
Intriguée, je lui demande ce qu'elle veut dire par là.
La cliente me dit qu'elle a choisit elle-même l'antibiotique (sans jamais avouer que l'ordonnance est un faux).
Je ne comprends toujours pas et explique que je ne vais pas me mettre à dos le médecin et qu'elle n'a qu'à voir son généraliste plus à mène de lui prescrire cet antibio. Bien entendu, elle fait mine de comprendre et d'accepter que je veuille suivre les recommandations du spécialiste.
Ma collègue intervient alors en me disant que cette dame connaît très bien les médicaments puisqu'elle a exercé comme visiteuse médicale toute sa carrière.
Je rétorque : « et donc, elle est médecin ?! ».
« Non, non, je ne suis pas médecin mais j'ai un DU d'antibiothérapie ! et je sais ce que je fais. »
Je ne lâche pas et fait remarquer que le choix de l'antibiotique n'est pas indiqué et que la posologie n'est pas la bonne et le dosage faux. Je rappelle que le médecin m'a demandé de ne pas honorer cette ordonnance et d'ailleurs, je la barre. J'évite de dire haut et fort que le médecin maintient ne pas avoir rédigé cette prescription.
La cliente n'insiste pas et repart pour voir son généraliste.
Je raconte alors à ma collègue la discussion que j'ai eu avec le médecin. Elle est sidérée d'apprendre qu'il s'agit d'un faux, et que la cliente a, elle-même, rédigé cette ordonnance...